Suivez-nous

Histoire de la SFA

 

Une association pour l’étude et la sauvegarde des monuments et du patrimoine


Fondée en 1834 par un amoureux du Moyen Âge, Arcisse de Caumont, la première mission de la Société française d’archéologie fut la découverte et la sauvegarde d’un patrimoine architectural qui était alors en grand péril. (Pour lire la notice biographique d’Arcisse de Caumont sur le site de l’INHA, suivez ce lien)

Les temps sont différents et le champ d’intérêt de la Société française d’archéologie s’est élargi vers des périodes plus récentes mais l’esprit qui l’anime aujourd’hui reste celui des débuts pionniers : diffuser la connaissance à travers des publications scientifiques de haut niveau.

Association loi 1901 reconnue d’utilité publique, la Société Française d’Archéologie a aussi su maintenir son originalité en réunissant professionnels et amateurs au sein d’activités communes : cycles de conférences et, surtout, visite de monuments dans le cadre du Congrès archéologique annuel, de week-end thématiques, de journées ville d’art, de voyages ouverts à tous les sociétaires.

Voilà pourquoi, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, la Société française d’Archéologie ne s’occupe pas de fouilles, mais plutôt du patrimoine monumental.

Une brève histoire de la SFA, par Eliane Vergnolle, vice-présidente

La création de la Société française d’archéologie, en 1834, fut intimement liée au mouvement de découverte du Moyen Âge qui se produisit en France à partir des années 1820. Son fondateur, Arcisse de Caumont, appartenait à cette génération qui s’insurgea contre le vandalisme post-révolutionnaire et notamment contre la destruction des églises, qui, vendues comme Biens nationaux, continuaient de tomber sous la pioche des démolisseurs, tandis que d’autres, trop longtemps laissées à l’abandon, menaçaient ruine.

Au cri d’alarme de Victor Hugo « Halte aux démolisseurs ! », Arcisse de Caumont répondit par la fondation de sociétés savantes visant à faire connaître au public l’architecture médiévale et à le sensibiliser à son sort. Ce n’est pas un hasard si, dans les années 1820, la Normandie fut en France le berceau des études sur l’architecture médiévale. On connaît la dette de l’érudition normande du début du XIXe siècle vis-à-vis des voyageurs et érudits anglais du XVIIIe siècle et l’importance des liens qui, en dépit des événements politiques, s’étaient tissés de part et d’autre de la Manche. Ainsi le jeune Caumont eut-il pour mentor l’inventeur du terme « roman », Charles de Gerville, qui avait émigré à Londres pendant la Révolution.

D’une curiosité très éclectique, Arcisse de Caumont s’intéressa d’abord à la géologie et aux sciences naturelles, notamment à la botanique, avant de découvrir les monuments du Moyen Ậge et de se prendre de passion pour eux au point de consacrer le reste de sa vie à leur étude et à leur sauvegarde. Pour lui, l’archéologie médiévale, fondée, à l’instar des sciences de la nature, sur la prospection de terrain et l’observation des monuments, devait être « une science positive aussi sûre que les sciences physiques d’observation ».

D’emblée, Arcisse de Caumont eut l’ambition de faire partager ses connaissances à un large public. Dès 1824, il rédigea un Essai sur l’architecture religieuse du Moyen Âge et ouvrit à Caen un cours d’archéologie monumentale qui devait ultérieurement être publié en six volumes sous le titre Histoire de l’architecture religieuse, civile et militaire (1830-1841). L’Abécédaire ou rudiment de l’archéologie paru en 1850 fut, pour sa part, un outil de vulgarisation qu’on a pu qualifier de vulgate de l’architecture médiévale.

Parallèlement à cette œuvre pédagogique, Caumont suscita, en s’appuyant sur les érudits ou les sociétés savantes des autres provinces françaises, la mise en place d’un réseau de correspondants ayant pour mission d’inventorier les monuments anciens de leur région. À partir de 1829, ceux-ci tinrent une réunion annuelle pour débattre de leurs travaux. C’est au cours de ces Assises scientifiques que germa l’idée de fonder une grande société nationale pour la conservation des monuments historiques, société qui vit le jour le 23 mai 1834 sous le nom de       « Société française pour la conservation et la description des monuments historiques » (avant de prendre le nom de Société française d’archéologie). Celle-ci fut dotée d’un organe de publication, le Bulletin monumental, dans le premier numéro duquel fut publié un règlement qui précise les intentions du fondateur : « La société se propose de faire le dénombrement complet des monuments français, de les décrire, de les classer par ordre chronologique et de publier des statistiques dans un bulletin périodique. Elle fera tous ces efforts 1° pour empêcher la destruction des anciens édifices et les dégradations qui résultent des restaurations mal entendues ; 2° pour obtenir le dénombrement des pièces manuscrites déposées dans les archives ». De telles ambitions n’étaient évidemment pas à la portée d’un petit groupe d’hommes, quelle que soit leur bonne volonté. Du reste, l’année même où fut fondée la Société française d’archéologie, le ministère de l’Intérieur créait, avec la Commission des Monuments historiques, un service qui allait assurer la prise en charge par l'État des problèmes de conservation et de restauration. Il restait donc à la Société française d’archéologie une mission d’ordre scientifique dont, pendant les 38 années de sa direction, Arcisse de Caumont orienta fermement le contenu et les méthodes.

Si l’Antiquité n’est pas rejetée a priori du champ des activités, c’est l’architecture médiévale qui occupe la première place dans les deux organes de publication : le Bulletin monumental, revue bi-trimestrielle, et les Congrès archéologiques de France, qui se tenaient chaque année dans une région différente et dont les actes constituèrent des volumes séparés à partir de 1845. Le succès public fut indéniable, puisque, à la mort de son fondateur en 1873, la société comptait 1 180 membres français et étrangers. Sous les successeurs immédiats d’Arcisse de Caumont, les deux publications commencèrent à devenir moins des catalogues de monuments que des études de fond et le champ d’intérêt s’ouvrit à la Renaissance ; mais il fallut attendre la présidence d’Eugène Lefèvre-Pontalis (1900-1923) pour qu’un tournant important soit pris dans le domaine scientifique.

À divers points de vue, Lefèvre-Pontalis peut être considéré comme le second fondateur de la SFA ou, du moins, comme celui qui devait lui donner une orientation dont nous sommes encore largement redevables. Jusqu’alors, le Bulletin monumental et les Congrès étaient, en effet, le reflet d’une érudition liée aux sociétés savantes de province, érudition dans laquelle le clergé jouait un rôle important. À partir du début du    XXe siècle, les publications de la Société française d’archéologie allaient devenir la tribune de l’enseignement professé à l’École des Chartes. Elle allait aussi se parisianiser jusque dans le lieu de son siège social, transféré, en 1925, de Caen à Paris. Dans le même temps qu’il s’entourait de collaborateurs issus de l’École des Chartes, Eugène Lefèvre-Pontalis instaura une politique de rapprochement avec le Service des Monuments historiques et attira à la SFA les architectes des Monuments historiques. Lui-même excellent photographe (il a légué à la SFA quelque 18 000 clichés qui sont déposés aux archives des Monuments historiques), Lefèvre-Pontalis mit l’accent sur l’illustration des articles, qui, outre les photographies, comportent désormais des plans et des coupes réalisés par des architectes.

Les Congrès, fondés sur la visite détaillée d’un choix de monuments représentatifs, visent à constituer un corpus des édifices du Moyen Âge et de la Renaissance. Les monographies sont présentées selon des normes strictes, établies par le directeur des publications : un historique de l’édifice faisant une large place aux documents d’archives, une critique d’authenticité faisant valoir les principales transformations et restaurations, une étude du plan et de l’appareil visant à établir les phases de construction, une description intérieure et extérieure, une comparaison avec des édifices similaires. Pour insuffisante que cette méthode nous paraisse aujourd’hui, elle n’en constitua pas moins une étape essentielle de la connaissance.

En complémentarité avec la publication annuelle du Congrès archéologique, le Bulletin monumental, désormais trimestriel, accueille des monographies sur divers sujets et des articles de synthèse non seulement sur l’architecture médiévale, mais aussi sur les arts figurés, notamment sur la sculpture monumentale dont l’étude était alors en plein essor, ainsi que sur les arts précieux et la liturgie. Ces articles de fond étaient complétés par une chronique rendant compte des évènements les plus importants de l’actualité scientifique et par des comptes rendus bibliographiques.

Les liens entre la Société française d’archéologie et l’École des Chartes restèrent très forts tout au long du XXe siècle avec, notamment, la longue présidence de Marcel Aubert (qui lui légua sa bibliothèque) puis de Marc Thibout (qui l’installa dans les locaux du musée des Monuments français) et, plus récemment de Francis Salet et Alain Erlande-Brandenburg. Les liens restent forts de nos jours, comme en témoigne la liste des membres du comité de lecture. Cependant, l’émergence de l’enseignement de l’histoire de l’art à l’université, sensible à partir des années 1970, a permis une ouverture de la SFA vers celle-ci. Désormais les Congrès reposent largement sur la contribution des universitaires, enseignants et étudiants avancés, et le Bulletin monumental s’efforce de publier des articles de jeunes chercheurs.

La SFA continue néanmoins de donner la parole à des chercheurs de tous horizons car, fidèle à sa tradition, elle fait une large place aux amateurs, au sens ancien et noble du terme. La diversification des champs d’intérêt et l’importance prise par de nouveaux domaines de recherche ont conduit à une évolution des activités de la SFA. Le développement, à partir des années 1970, de l’archéologie médiévale avec, notamment, la création d’une revue spécifique, Archéologie médiévale, a creusé un fossé que nous nous efforçons de réduire. Heureusement, l’évolution interne de l’archéologie de terrain a conduit à un rapprochement spontané entre spécialistes d’archéologie du bâti et historiens de l’architecture dont témoignent les récentes livraisons du Bulletin monumental.

Le glissement sémantique qui a accompagné les transformations du champ disciplinaire a introduit une confusion sur le nom même de la société car, dans l’esprit de beaucoup, le terme d’archéologie est devenu synonyme de fouille. Après quelques hésitations, nous avons cependant décidé de conserver le nom de la société, mais en lui adjoignant une précision qui rappelle ses objectifs premiers : Association pour l’étude et la préservation du patrimoine monumental. La création de la Revue de l’Art, dont le premier numéro est paru en 1968, a par ailleurs conduit la SFA à recentrer son intérêt sur l’art monumental.

Bien que le Moyen Âge occupe toujours une place majeure dans ses publications et ses activités, celles-ci se sont progressivement élargies. L’étude des châteaux et des maisons a pris au cours des deux dernières décennies une place plus importante que par le passé. Nous avons également tenté de ne pas limiter nos activités au patrimoine français, comme en témoignent la série d’états des questions sur l’architecture romane et gothique en Angleterre publiée dans le Bulletin monumental dans les années 1980-90 et celle, consacrée à l’Allemagne gothique, qui est parue en 2009 et 2010. L’Époque moderne est depuis longtemps prise en compte dans les Congrès comme dans le Bulletin monumental mais si nous avons récemment fait quelques incursions dans le XXe siècle, c’est, pour le XIXe siècle, essentiellement l’histoire des restaurations qui retient notre intérêt, qu’il s’agisse de faire la critique d’authenticité d’un monument avant d’analyser son parti d’origine ou de réfléchir sur les doctrines.

Cette orientation est doublement justifiée par la fidélité aux missions d’origine de la société et par les liens instaurés depuis longtemps avec le Service des Monuments historiques. Depuis sa fondation, la Société française d’archéologie est indépendante des pouvoirs publics. C’est une association reconnue d’utilité publique, dont le siège social se trouve au Palais de Chaillot (Cité de l’Architecture et du Patrimoine) mais qui tire l’essentiel de ses ressources des cotisations de ses membres et des activités : outre les congrès, nous proposons chaque année un cycle de conférences, des sorties en Île-de-France, un week-end thématique et une journée ville d’art en France ou à l’étranger (nous sommes allés à Londres il y a quelques années, à Bruxelles et à Turin, par exemple).

Comme les congrès, ces diverses visites se préparent en collaboration avec les universités et les sociétés savantes locales, en s’appuyant sur le réseau des délégués régionaux de la SFA. Les présentations de monuments faites lors de ces journées d’étude ne sont pas systématiquement publiées mais certaines d’entre elles sont à l’origine d’articles dans le Bulletin monumental, comme le numéro spécial sur Beaugency, paru en 2007. La société compte à l’heure actuelle environ 800 membres qui sont, pour la plus grande partie, des amateurs. Elle emploie trois personnes à plein temps, dont deux consacrent l’essentiel de leur temps aux publications : chaque année un volume de Congrès comptant 400 à 500 pages de notices sur les monuments d’un département ou d’une partie de celui-ci, quatre numéros du Bulletin monumental (environ 400 pages au total dont un numéro thématique) et, épisodiquement, un supplément au Bulletin monumental. Le premier a été, en 2007, un ouvrage de Jean Mesqui sur « Le château de Tancarville » ; le second, paru en mai 2008, est la réédition, mise à jour et augmentée, des deux importants articles que Jacques Henriet avait publiés sur Saint-Philibert de Tournus dans le Bulletin monumental en 1990 et 1992 (Saint-Philibert de Tournus, l’abbatiale du XIe siècle). Le suivant, publié en 2010, est consacré à une étude sur le château de Saumur. 2018 a vu la renaissance de la collection Bibliothèque de la SFA dans une nouvelle formule composée d’un numéro tous les deux ans. La première livraison de la Bibliothèque de la SFA, nouvelle série fut consacré à « Saint-Benoît-sur-Loire. L’abbatiale romane ». Il a été suivi, en 2020, par « Architectures en Seine-Saint-Denis » puis « Nogent-le-Rotrou roman et gothique » en 2022.


Organisation de la SFA

La Société française d’archéologie est une association loi 1901, fondée en 1834 et reconnue d’utilité publique depuis 1871.

Toute personne peut être ADHÉRENTE de la SFA en s’acquittant de la cotisation annuelle valable pour l’année civile en cours.
Les adhérents à la Société ayant acquitté leur cotisation sont convoqués chaque année à l’assemblée générale annuelle qui se tient à l’occasion du Congrès archéologique de France.

L’assemblée générale coopte les membres du conseil d’administration. Au nombre de 36 au plus, ceux-ci sont élus pour une durée de six ans renouvelable. Le conseil d’administration choisit parmi ses membres, au scrutin secret, un bureau composé d’un président, d’un ou plusieurs vice-présidents, d’un secrétaire général et d’un trésorier.